Quelle est la motivation des éditeurs de journaux en langues nationales ?
Une étude sur la situation des journaux en langues nationales réalisée en 1994 révèle la richesse et la multiplicité des titres en langues nationales. Plus de 60 titres ont paru à travers le paysage de la presse burkinabé depuis 1969. Au moment de l’étude, 32 avaient existé et ne paraissaient plus, 15 paraissaient momentanément, 10 étaient en projet et 3 paraissaient plus ou moins régulièrement. Ces journaux étaient initiés pour la plupart par des églises, des ONG, des associations et des projets de développement. ![]()
Les directeurs de publication de Buudayembre et de Sõore
Les objectifs de ces éditeurs sont :
Quels moyens de financement pour les éditeurs de journaux ?
Le problème du financement des journaux en langues nationales est le principal obstacle que rencontrent les éditeurs. En effet, les journaux sont vendus à un prix subventionnés, bien inférieur aux coûts réels de la production. Etant donné le public cible des journaux, à savoir les néo-alphabètes vivant en milieu rural, il n'est pas possible de vendre les journaux à un prix leur permettant d'obtenir un bénéfice. Ces néo-alphabètes sont des adultes n'ayant généralement pas fréquenté l'école et travaillant principalement dans le domaine de la culture vivrière (culture pour leur propre subsistance). La dépense pour un journal est donc très secondaire compte tenu de leurs faibles revenus et des besoins primaires à satisfaire. De plus, pour des gens qui ont eu très peu de contact avec l'écrit depuis leur enfance, la lecture n'est pas une activité habituelle, et le geste d'achat d'un journal est encore assez marginal.
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Les directeurs de publication de journaux membres
C'est pourquoi il est nécessaire dans un premier temps que ce soit les projets ou ONG initiant les campagnes d'alphabétisation qui mettent à disposition des néo-alphabètes de quoi lire. Ce serait donc eux les principaux acheteurs des journaux, en attendant que le lecteur lui-même devienne un acheteur régulier. De nombreuses démarches sont donc faites à leur niveau pour les encourager à être des partenaires solides des éditeurs. Des commandes régulières et substantielles seraient un moyen pour les journaux d'assurer leur parution. Mais ces partenariats restent encore trop faibles en nombre.
Tous les journaux bénéficient, pour la plupart par l'intermédiaire de l'AEPJLN, de la subvention de l'Etat à la presse privée, subvention accordée par le Ministère de l'Information.
Par l'intermédiaire de l'AEPJLN pour ceux qui ne remplissent pas entièrement les critères exigés par le Ministère, à savoir : avoir au moins un agent déclaré à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, être en règle vis-à-vis des impôts et paraître régulièrement. Mais pour la majorité des journaux, ces critères sont très difficiles à remplir. En effet, la majorité des journaux n'ont que cette subvention comme apport financier. Si l'éditeur décide de régler ses impôts, il n'aura plus de fonds pour financer la production du journal, il ne paraîtra donc pas régulièrement. Si il décide de financer sa production avec la somme allouée, il paraîtra mais ne sera pas en règle vis-à-vis des impôts ... Autre fait à noter, cette subvention à la presse privée est partagée entre les journaux en français et les journaux en langues. La répartition est quelque peu déséquilibrée puisque les journaux en langues se partagent 8 % contre 92 % pour les journaux en français ... Ce sont donc des sommes peu importantes que chaque journal peut recevoir.
Et comme certains éditeurs le reconnaissent, il s'agit de recevoir de l'Etat d'un côté, pour le redonner à l'Etat de l'autre ...
Les journaux sont donc très dépendants des fonds extérieurs à l'heure actuelle.
Quels succès et quelles difficultés pour les journaux en langues nationales au Burkina Faso ?
Les succès :
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Le directeur de publication de Sísaala Labááre
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Le directeur de rédaction de Luu nwen
Quels sont les besoins des éditeurs ?
Les besoins des éditeurs de journaux en langues nationales restent importants, compte tenu des difficultés liées à leur tâche, et du manque d'appui au niveau national. C'est principalement un besoin de soutien financier et matériel, pour leur permettre :
Certains de ses besoins vont dans le sens de l'acquisition d'une meilleure autonomie des journaux : avec davantage de formations et de matériel, cela permet en effet aux éditeurs de gérer le maximum de la production eux-mêmes, en réduisant la sous-traitance, et donc les coûts de fabrication.
A titre indicatif, voici le devis estimatif du coût de production et de distribution des journaux :
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